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  • gars du nord
  • je suis né dans le Pas-de-Calais en 1953
 J'aime la folk music surtout américaine la musique celtique la langue de Shakespeare, le théâtre, je gratte un peu la guitare; je travaille dans un lieu de vie pour personnes plus âgées....
  • je suis né dans le Pas-de-Calais en 1953 J'aime la folk music surtout américaine la musique celtique la langue de Shakespeare, le théâtre, je gratte un peu la guitare; je travaille dans un lieu de vie pour personnes plus âgées....

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3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 19:10

Je connaissais Emilienne Mopty en ayant lu des articles sur la résistance dans le Nord de la France; puis dans l'émission de Daniel Mermet, voilà qu'on explique qui elle était, et ce n'est pas tout, j'assiste place Broglie à Strasbourg au meetin de Jean-Luc Mélenchon...je me suis décidé à écrire un article pour honorer sa mémoire.

 

 

 

 

Au cours de l’hiver 1940-41, les conditions de travail se dégradent. Dehors les tickets de rationnement s’amenuisent et les files d’attente s’allongent  Les salaires ne suffisent plus pour vivre. Les conquêtes du Front Populaire sont loin. Les délégués mineurs ont été spoliés de leurs mandats. Les syndicalistes et représentants politiques progressistes sont poussés à la clandestinité . Les familles de mineurs ont faim. « Pas de charbon pour les boches ! » . C’est le sursaut patriotique, la grève. Les mouvements de protestation gagnent les fosses. Par palier. « La colère a le goût sauvage du charbon » .

 

Les grèves de mineurs

 

Avec les allemands et Pétain dehors, la lampe va mal et les lampistes sont tristes. Le ras le bol ne date pas d’hier. « Le 2 janvier 1941, les mineurs entament une série de grèves perlées, en procédant à des arrêts de travail d’une demi-heure au début ou en fin de service »  En mars, à l’Escarpelle, les troupes allemandes occupent les mines. Le 1er mai sera celui de la contestation. Des drapeaux rouges sont placés sur les fils électriques . Le 27 mai les puits débrayent. Les gueules noires exigent leur dû : « Dans un cahier de revendications, les mineurs demandent à leur direction des augmentations de salaire, de meilleures conditions de travail, l’amélioration du ravitaillement en beurre, viande rouge, savon.. » . Ils manquent de pommes de terre . Les doléances se communiquent aux autres concessions. Les campagnes de tractage appellent les habitants à la contestation « Pour le pain de vos enfants, femmes debout ! » . Les hommes sont incités à se joindre à la lutte.

Emilienne, la rebelle

Emilienne Marie Mopty-Wantiez prend la tête d’une manifestation de femmes, à Hénin-Liétard (Hénin-Beaumont) le 29 mai et à Billy-Montigny le 4 juin. C’est une « femme de mineur », mère de trois enfants, née à Harnes, le 29 octobre 1907. Une de ces travailleuses qui sait la dureté de la vie et la fierté du travail et des hommes. Qui sait l’humiliation de l’occupation, l’iniquité des lois vichystes, l’exploitation des patrons, le zèle des ingénieurs, les remontrances des porions. Elle « habite la cité du Dahomey à Montigny-en-Gohelle. Militante communiste, elle a fait ses premières armes dans les grèves de 1933-1934 »

Emilienne Mopty et les manifestantes encouragent les mineurs à la lutte. Elles dissuadent les « jaunes » de reprendre le boulot . La gendarmerie réquisitionne les ex-prisonniers pour les envoyer dans les mines. Les allemands crient « Arbeit ! Arbeit ! ». Mais « pas question de faire les briseurs de grèves, confie un mineur, ex-détenu, en 1981, au fond [de la mine] on n’y faisait rien » . Jusqu’à la fin de la guerre les gueules noires vont ralentir les cadences . La marche des femmes est revendicative et patriotique.

Emilienne et les trieuses de charbon, les repasseuses, les couturières relèvent la tête en collectif. Et eux, les creuseurs, les galibots, les soutiers, les habitués de la mangeuse d’hommes , eux qui savent ce que c’est que de sillonner la terre, respirer l’air chaud et d’éviter le grisou, eux qui n’en peuvent plus de piocher, de porter, de pousser, sont à la révolte.

« Les femmes barrent les routes pour interdire la circulation des voitures de police et des automitrailleuses allemandes. (…). Elles s’adressent aux maires pour obtenir du ravitaillement, elles vont aux grands bureaux des mines ; elles parcourent des dizaines de kilomètres pour échapper aux réactions brutales des différentes polices. » (.

Elles crient « Du pain, de la viande et du savon ! » . Ils crient « Vive la grève ! ». Elles crient « Pas de Galette pour l’ennemi » . Ils écrivent « Mineurs, tous debout et unis pour la défense de vos droits » ; « Mineurs en avant ! » ; « Tous unis jusqu’à la victoire » (25). Les rapports des préfets précisent que « la grève qui s’est déroulée dans la semaine du 1er au 8 juin, a été pratiquement totale ». En tout, près de 100 000 mineurs et sidérurgistes Français et Belges cessent le travail malgré les pertes de salaire. C’est la première grève de masse des travailleurs français contre les occupants . La « grande grève » comme l’appelaient les mineurs .

En France, de juillet 1040 à avril 1942, les femmes descendent au moins 149 fois dans la rue .

 

La répression des grévistes

 

Les allemands ont besoin de « l’or noir ». Les troupes dispersent les manifestants et occupent les puits. Pour le Préfet Carles, la cause tient à « l’insuffisance des moyens de répression » (sic). Les forces de Vichy traquent les clandestins. Les salaires sont suspendus et les cartes de ravitaillement ne sont plus distribuées. « Dans certains centres, les boucheries ont été « invitées » à ne délivrer de viande qu’aux consommateurs munis d’une autorisation de la Kommandantur – laquelle était évidemment refusée aux grévistes » . Les cafés sont fermés. Sur les façades s’affichent les menaces du général-lieutenant Niehoff  : « Quiconque commettra des actes de sabotage contre les installations ou la propriété militaire allemande ou de ses membres propres (…), contre des câbles ou autres moyens de communication ou quiconque sabotera l’économie dans la région occupée, sera frappé de peine de mort » (33). 30 000 affiches sont placardées par les autorités.

Les occupants prononcent la fermeture des théâtres et des cinémas, la suppression des suppléments d’alimentation, l’interdiction aux femmes de sortir de leur domicile une demi-heure avant et après l’entrée ou la sortie des postes de relève, dans les mines . L’administration allemande a fait connaître au Préfet qu’elle « ne reculerait devant rien pour les mater à l’avenir ».

Heinrich Niehoff somme les mineurs de reprendre le travail. Les condamnations tombent. Les soldats exécutent. Plus de 500 mineurs sont arrêtés. Cents seront fusillés. Les grévistes, hommes et femmes, sont condamnés aux travaux forcés (36). D’autres sont emprisonnés à Loos, Béthune, Douai et Arras. Deux casernes sont transformées en camp d’internement : celle de Kléber à Lille et celle de Vincent à Valenciennes . Des centaines d’hommes et de femmes sont conduits en Belgique . Le 6 juin, 244 personnes sont déportées en Allemagne. Ceux qui échappent aux arrestations rejoignent la clandestinité.

Déjà, dès janvier 1941, le représentant du Ministère de l’Intérieur affirmait que les allemands et leurs officiers soumettaient le département et les ouvriers à un « régime sévère ». Ces derniers avaient à supporter des « traitements que ne connaissent pas les autres parties du territoire » .

En attendant la libération

 

La grève n’est jamais vaine. S’il reste l’occupation et le régime de Vichy, le quotidien s’améliore à la marge. Des vêtements sont fournis par un service spécial de ravitaillement. Le gouvernement de Vichy décrète une augmentation des salaires. Le général Niehoff tente de sauver la face en annonçant des améliorations du rationnement : « En vue de remédier aux difficultés actuelles du ravitaillement en pommes de terre, une distribution supplémentaire de 500 gr de pain sera faite à tous les consommateurs pour la période du 16 au 22 juin… en outre, les travailleurs lourds recevront, durant 7 semaines, un supplément de 500 gr par semaine » . L’arrêt des extractions a fait perdre aux occupants 500 000 tonnes de charbon.

La grève des mineurs, « celle d’Emilienne Mopty », sonne comme un défi aux forces occupantes. Elle restera dans l’histoire des luttes ouvrières.

Emilienne, la résistante

 

Les mineurs retrouvent le chemin de la mine. Mais quand on a le courage de l’indignation chevillé au cœur, comment ne pas résister ? Emilienne transportera des armes et des explosifs en qualité d’agent de liaison de Charles Debarge . Elle cherchera des planques pour résistants. « Elle est arrêtée une première fois par les gendarmes en janvier 1942, mais elle est relâchée huit jours plus tard, faute de preuves ». Le 14 mai au soir, les gendarmes français la serrent de nouveau. Mais elle s’évade de la gendarmerie, par la lucarne des toilettes.

Elle « rejoint le groupe Debarge. Son mari est arrêté et déporté en Allemagne. Emilienne partage la vie des francs-tireurs, sillonnant le Bassin Minier, en dépit des recherches incessantes de toutes les polices. Fin septembre 1942, elle reçoit mission de se rendre près de la citadelle d’Arras, dans le but d’attaquer un peloton d’exécution (…). Mais elle est trahie et au rendez-vous se trouve la Gestapo. Les Allemands, connaissant le rôle qu’elle joue chez les FTP veulent la faire parler, la livre à leurs tortionnaires : elle subit des traitements atroces ; son corps, bientôt, n’est plus qu’une plaie. » .

 

Emilienne est traduite devant le tribunal militaire « de la Feldkommandantur d’Arras, elle est condamnée à mort. Le 18 janvier 1943 à 19 h 30 (, Emilienne Mopty est décapitée » à Cologne . Avant de poser la tête sur le billot, elle murmure « mes enfants », puis commence lentement le chant de l’Internationale, interrompu par la hache du bourreau »  :

Debout ! Les damnés de la terre !
Debout ! Les forçats de la faim ! …

Il faudra attendre la fin de la guerre pour que la France se débarrasse de la « Révolution Nationale » de Pétain et de l’occupation nazie. Il faudra encore attendre 1945, pour que le CNR propose de nouvelles lois sociales, pour que les femmes puissent poser dans l’urne un bulletin de vote, à l’occasion des élections municipales.

 

Source: "le grand soir"

 

 
Qui était donc Emilienne MOPTY?
 

 

Le front de Gauche a organisé une marche hier 3 juin 2012 en commémoration de la grève des mineurs et d'Emilienne MOPTY;

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commentaires

G
Bravo! Devant la salle Léon Delfosse à Billy Montigny, existe un monument dédié au courage de ces femmes. Amiteus'mint
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G
merci pour le commentaire Monsieur Dubois venant de vous ces éloges me vont droit au coeur