Les membres de l’Université pour tous d’Arras (UPTA) ont pu assister dernièrement à l’excelllente conférence de Yannic MANCEL, homme de théâtre et enseignant dans différentes universités de notre région.
La conférence s’intitulait « De l’invention de la mise en scène moderne au théâtre post-dramatique : un siècle d’histoire de la scène. » l’intervenant connaît son sujet et aime le faire partager à notre grande satisfaction. Yannic Mancel nous a livré un très intéressant aperçu de l’évolution du théâtre depuis le 19ème siècle à nos jours. Certes, le théâtre ne peut être figé, et Victor Hugo avec son Hernani et l’explication qu’il nous donne de sa conception du théâtre dans sa préface de « Cromwell » nous a montré une voie de ce qu’il est possible, nécessaire aussi, de créer.
Et depuis, la production théâtrale s’est réinventée ou pas proposant au spectateur de nouvelles « formes », et l’on constate depuis quelques années un mélange (je parle de mélange puisque Yannic Mancel a étoffé son propos en faisant allusion à la salade composée) des genres dans les spectacles qui nous sont proposés ; les spectacles mêlent, en effet, toutes les formes de spectacle connues : musique, danse, acrobaties, cirque, objets et autres breloques. Yannic Mancel insiste sur le fait que cette salade doit être mélangée délicatement, qu’il faut y distinguer tous les ingrédients. Bien. Nous avions le nouveau roman, la nouvelle vague, la nouvelle cuisine, voici donc le nouveau théâtre que vous êtes prié de goûter, d’apprécier…. D’autant que pour les béotiens, il existe de nos jours, l’Ecole du Spectateur, préalable à la bonne compréhension ou appréhension de la création.
Création, le mot est de mise dans notre monde culturel, ce qui fait dire au sociologue jean-Pierre le Goff que l’on oublie les œuvres pour la création contemporaine, sorte d’auberge espagnole.
S’il convient d’innover, innovons, mais pourquoi veut-on à toutes fins, de gré ou de force, nous imposer ces formes théâtrales dans nos lieux de diffusion de la culture ? Yannic Mancel se dédouane en nous faisant remarquer qu’il n’est pas programmateur et qu’il faudrait évoquer la situation avec les directeurs des centres culturels (qui refuseront de toutes façons d’accéder aux demandes de spectateurs) et que par aillleurs, si nous nous penchons sur la programmation de Tandem, par exemple, pour la saison 2016/2017, nous pourrons constater que deux œuvres y figurent ; c’est entendu, deux œuvres sur l’ensemble d’une saison, c’est peu.
Durant cette conférence, un parallèle a été établi avec l’art pictural, son évolution (sa nécessaire évolution) à travers les âges ; art pictural qui a au moins une vertu : laisser la possibilité aux amateurs de croiser les œuvres selon ses goûts, ses envies, ses émotions. Ce qui n’est pas le cas du théâtre qui est un art éphémère et tributaire des « effets de mode ».
S’il est indispensable d’assimiler l’inévitable évolution créatrice du théâtre contemporain de crainte de paraître inculte, serons nous par ailleurs contraints de nous extasier devant un tableau à l’intitulé suivant : « carré blanc sur fond blanc » ?
Dans un avenir plus ou moins proche, peut-être la performance se substituera-t-elle au théâtre ; nous ressentirons alors une émotion incomparable devant une scène vide d’acteurs où un amas de poussières s’envolera sous l’effet d’une brise venue du côté cour ou jardin.